• ♦ Se repérer parmi les "psy"

    Se repérer parmi les "psy"


    ♦ Se repérer parmi les "psy"

    Comment choisir son « psy » ?

    1. Choisir une thérapeutique. Ce choix est essentiel car il s'agit d'un choix éthique. (voir: Choisir une thérapeutique)

    2. Se repérer parmi les différents professionnels afin de s'assurer qu'il a suivi une formation sérieuse qui correspond au travail thérapeutique que vous souhaitez effectuer.

    3. Choisir le "psy" avec lequel vous vous sentirez suffisamment en confiance pour pouvoir vous engager dans un travail thérapeutique. (voir : Choisir son psy)

     

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    Se repérer parmi les différents professionnels

     

    Une grande confusion règne dans le champ "psy". Comment s'y retrouver entre les idées reçues, les effets de mode, les arguments commerciaux ou de pouvoir, les conseils parfois divergents de l'entourage et les informations sérieuses et fiables lorsque l'on souhaite consulter ? A quel "psy" s'adresser? Sur quels critères choisir ?

    - Quelles sont les différences entre un psychiatre, un psychologue, un psychothérapeute et un psychanalyste ? Quelles sont leurs formations et leurs champs de compétences ? A quoi correspondent les nouvelles appellations qu'utilisent certains "psy", telles que "psychopraticiens", "praticiens en psychothérapie", etc... ? 

    - Pourquoi la plupart des professionnels cumulent-ils plusieurs appellations et formations ?

    Pourquoi deux psychologues (ou deux psychiatres, ou deux psychothérapeutes) peuvent-ils avoir des pratiques diagnostiques et thérapeutiques très différentes ?

     

    La difficulté à se repérer parmi les "psy" tient non seulement à la diversité de leurs formations et appellations, mais surtout au fait qu'une même appellation peut renvoyer à des pratiques radicalement différentes selon l'orientation théorique et éthique du professionnel. En effet, il existe des conceptions très différentes de l'être humain et du fonctionnement de sa vie psychique, et par conséquent, des manières très différentes d'aborder les patients et leurs symptômes. (voir: Choisir une thérapeutique )

    J'ai opté pour un abord assez détaillé de ces questions ; une trop grande simplification empêcherait d'en saisir les nuances et les paradoxes. Vous trouverez à la fin de ce texte un bref récapitulatif sur les différents professionnels, en fonction du type de thérapeutique choisi.

     

    Psychologue, psychiatre et pédopsychiatre 

     

    ♦ Psychologues, psychiatres et pédopsychiatres ont une formation universitaire et un diplôme d'état qui les autorisent à exercer en institutions (hopitaux, institutions médico-sociales etc...) et/ou en libéral.

    - Les psychiatres (pour les adultes) et les pédopsychiatres (pour les enfants et les adolescents) sont des médecins, spécialisés dans les maladies mentales. Ils peuvent prescrire des médicaments et/ou proposer un suivi psychothérapeutique. Leurs consultations peuvent donner lieu à des remboursements par la Sécurité Sociale.

    - Les psychologues ont suivi un cursus universitaire de 5 ans et sont titulaire d'un DESS ou Master 2. (Il existe différents diplômes et spécialisations en psychologie : psychologie clinique et pathologique, psychologie du travail, psychologie sociale, psychologie expérimentale, neuropsychologie, psychométrie, etc .... ).

    Les psychologues cliniciens, titulaires d'un DESS ou Master 2 de Psychologie clinique et pathologique, sont spécialisés dans l'étude du fonctionnement psychique et dans la psychopathologie clinique (c'est-à-dire l'étude des pathologies psychiques).

     

    Psychologues, psychiatres et pédopsychiatres peuvent avoir des pratiques diagnostiques et cliniques radicalement différentes selon leurs orientations théoriques.

    La conception du fonctionnement psychique, de la psychopathologie, de la pratique clinique et thérapeutique, ainsi que la position dans la relation au patient, sont très différentes selon que le psychologue clinicien, le psychiatre ou le pédopsychiatre se réfère à la psychanalyse ou aux théories neurologiques et/ou comportementales (voir: Choisir une thérapeutique).

     

    ♦ Certains psychologues, psychiatres et pédopsychiatres usent du "titre de psychothérapeute".

    Depuis 2010, "psychothérapeute" est devenu un titre règlementé (voir le chapitre : "psychothérapeute"). Il ne définit ni une profession, ni une pratique spécifique.

    Le titre de psychothérapeute correspond à la validation d'un niveau de formation en psychopathologie cliniqueLa formation universitaire du psychologue clinicien, du psychiatre et du pédopsychiatre leur ouvre le droit au titre de psychothérapeute. 

    - De nombreux psychologues cliniciens, psychiatres et pédopsychiatres ne souhaitent pas user du titre de psychothérapeute en raison de l'ambiguité et des confusions que ce terme induit, notamment lorsqu'ils sont également psychanalystes. Certains psychologues peuvent être dans l'obligation d'user de ce titre, parfois exigé pour exercer dans certaines institutions. D'autres psychologues, psychiatres ou pédopsychiatres demandent à user de ce titre par choix.

    -  L'enseignement universitaire n'a pas vocation à former à la pratique de la psychothérapie, ni à la pratique de la psychanalyse. Pour pratiquer la psychothérapie ou la psychanalyse, psychologues cliniciens, psychiatres et pédopsychiatres doivent suivre une formation complémentaire. Ils ont notamment l'obligation éthique de s'engager dans une psychanalyse personnelle, ou au minimum dans une psychothérapie, indispensables pour leur permettre  d'occuper une position professionnelle dans la relation au patient (1)Or, le cadre universitaire ne peut ni exiger, ni valider un tel engagement. Le titre de psychothérapeute, s'il valide la formation en psychopathologie, ne garantit pas la formation à la pratique de la psychothérapie.

     

    ♦ Les psychologues, psychiatres et pédopsychiatres peuvent pratiquer la psychothérapie, s'ils se forment (même s'ils acquièrent le droit d'user du "titre de psychothérapeute") à une technique de psychothérapie (hypnose, PNL*, analyse transactionnelle, TCC* .....) dans le cadre d'organismes privés et s'ils s'engagent dans une psychanalyse personnelle, ou au minimum dans une psychothérapie (1), ainsi que dans un travail de supervision*.

     

    ♦ Les psychologues, psychiatres et pédopsychiatres peuvent être psychanalystes s'ils ont suivi une longue psychanalyse personnelle (1) (l'engagement dans une analyse personnelle est exigé pour pouvoir être membre d'une association de psychanalystes), ainsi qu'une formation à la théorie et à la pratique psychanalytiques, dans le cadre d'associations de psychanalystes. Ils élaborent leur pratique dans le cadre de séances de supervision* et de contrôle*, particulièrement lors des premières années de pratique en tant que psychanalyste. 

     

    « Psychothérapeute »

     

    Psychothérapeute est un terme ambigu, qui renvoie à des sens, des réalités et des registres différents: il ne définit pas une pratique spécifique.

    ♦ Avant 2010, psychothérapeute désignait un professionnel qui pratiquait la psychothérapie. La difficulté résidait dans la définition du terme de psychothérapie qui est très imprécis car renvoie à des pratiques extrêmement diverses.

    - Au sens large, psychothérapie (traitement par des moyens psychologiques) englobe toutes les techniques psychothérapeutiques: psychanalyse, psychothérapie analytique ainsi que les techniques de psychothérapie basées sur la suggestion (hypnose, TCC*, PNL*, Gestalt*, etc .......).

    - Depuis plus d'un siècle, on a coutume d'utiliser plus spécifiquement le terme de psychothérapie pour qualifier les techniques de psychothérapie dont le point commun est l'utilisation de la suggestion (hypnose, TCC ....), afin de les distinguer de la psychanalyse (dont la spécificité est de ne pas utiliser la suggestion) (voir : Choisir une thérapeutique)

    Traditionnellement, le psychothérapeute était donc celui qui pratiquait une ou des techniques de psychothérapie basées sur la suggestion. Cette définition avait l'intérêt de distinguer deux manières très différentes d'aborder et de traiter les patients et leurs symptômes. Mais le terme de psychothérapeute restait néanmoins très flou en raison de l'immense variété des techniques de psychothérapie (il en existe plus de 400). 

    Depuis la règlementation de l'usage du titre de psychothérapeute , la notion de psychothérapeute s'est modifiée.

     

    ♦ Depuis 2010 (décret d'application de la loi de 2004), l'usage du titre de psychothérapeute est réglementé afin de pallier un vide juridique qui, auparavant, permettait à toute personne d'exercer en tant que psychothérapeute, sans avoir à justifier d'une quelconque formation. L'objectif avancé était de protéger les patients des charlatans et des sectes.

    Le titre de psychothérapeute garantit un nombre d'heures minimum de formation théorique et clinique (stages) en psychopathologie (équivalent à celui de psychologue clinicien). Il est généralement accordé aux psychiatres, aux psychologues cliniciens, aux psychanalystes inscrits régulièrement dans les annuaires des associations de psychanalystes, ainsi qu'aux personnes qui ont suivi une formation en psychopathologie dans le cadre d'organismes privés (ex: EPHEP* ...) répondant aux exigences définies par la loi. Ces organismes dispensent des enseignements qui peuvent être très différents selon leur orientation théorique: psychanalytique et/ou comportementale.

     

    S'il n'est pas certain que la règlementation du titre de psychothérapeute ait beaucoup d'impact sur les charlatans et les dérives sectaires, elle produit assurément de nombreuses questions éthiques, paradoxes et confusions (je ne citerai brièvement ici que quelques points) :

    L'obtention du titre psychothérapeute ne garantit pas la formation à la pratique de la psychothérapie. La loi assimile la formation en psychopathologie, à la formation à la pratique de la psychothérapie, ce qui n'est pas la même chose, ne serait-ce qu'en raison de la nécessité éthique, pour pratiquer la psychothérapie, d'être engagé dans une analyse personnelle, ou au minimum dans une psychothérapie (1) (ce que ni une loi, ni une formation universitaire, ni une formation privée ne peut ni exiger, ni garantir). 

    Désormais, le terme de psychothérapeute est disjoint de la notion de psychothérapie, il ne définit plus l'orientation technique et éthique du professionnel.

    - Certains psychanalystes se sont vus dans l'obligation d'exercer sous le titre de psychothérapeute (notamment pour pouvoir exercer en institution), alors qu'auparavant, les termes de psychothérapeute et de psychanalyste renvoyaient à des pratiques et à des choix éthiques différents (utilisation ou non de la suggestion). 

    - Les « psy » qui pratiquent diverses techniques de psychothérapie (hypnose, gestalt, PNL, TCC ....), ne pouvant plus se nommer psychothérapeutes (lorsque leur formation ne répond pas aux exigences de la loi), ont changé d'appellation. Ils exercent désormais sous des dénominations non règlementées et libres d'emploi (c'est-à-dire sans garantie de formation) telles que: "psychopraticien", "praticiens en psychothérapie", "coach", etc ... (Ils sont classés dans les Pages Jaunes dans la rubrique : "Psychothérapie, pratiques hors du cadre règlementé").).

     

    Psychanalyste

     

    Un psychanalyste a d'abord suivi une longue analyse personnelle (en général, au moins 10 ans) qui constitue la base indispensable de sa formation (1). Il se forme à la théorie, à la pratique et à la psychopathologie psychanalytiques, dans le cadre d'associations de psychanalystes. Il participe également, notamment les premières années, à des séances de supervision et de contrôle avec un psychanalyste plus expérimenté que lui, afin d'élaborer sa pratique. Un psychanalyste s'engage généralement, tout au long de sa pratique, dans des activités de recherche et de formation.

    Un psychanalyste peut éventuellement avoir une formation et une expérience professionnelle de psychiatre ou de psychologue. Il peut aussi venir d'autres horizons: philosophique, littéraire, scientifique etc ...

    Si tous les psychanalystes se réfèrent aux théories freudiennes, ils ne les interprètent pas tous de la même manière. Aussi existe-t-il plusieurs courants psychanalytiques (freudiens, lacaniens, ....) et par conséquent, des pratiques de la psychanalyse qui peuvent être, sur certains points, différentes (voir: Psychanalyse(s)).

     

    Outre la psychanalyse ("cure type"), un psychanalyste peut pratiquer également la psychothérapie analytique. 

    En revanche, le choix de la psychanalyse étant un choix éthique qui engage personnellement et subjectivement le psychanalyste, il ne serait pas cohérent qu'un professionnel conjoigne ou alterne la pratique de la psychanalyse avec celle de psychothérapies basées sur la suggestion qui relèvent d'une éthique très différente. Ce cumul de pratiques, qui néanmoins existe, est contestable.

     

    Il est important de savoir que l'appellation de psychanalyste n'est pas règlementée, ce qui garantit l'indépendance indispensable à sa pratique, mais contient le risque d'une utilisation illicite, sans formation ni compétence. Il est donc vivement recommandé de savoir si un psychanalyste appartient à une association de psychanalystes reconnue, certaines d'entre elles bénéficient de la reconnaissance d'utilité publique.

     

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    En conclusion, pour choisir son "psy", il ne suffit pas de connaitre la différence entre psychiatre, psychologue, psychothérapeute et psychanalyste. En effet, hormis les psychanalystes dont la référence théorique s'entend clairement dans leur appellation, chacun des différents professionnels peut proposer une approche thérapeutique très différente selon son orientation théorique.

    Aussi est-il très important que chacun puisse comprendre la différence pratique et éthique entre les différentes conceptions du fonctionnement psychique, et du traitement des patients et de leurs symptômes, afin de pouvoir choisir, de manière éclairée, le type de thérapeutique dans laquelle il souhaite s'engager. (voir: Choisir une thérapeutique)

     

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    En résumé

     

    La plupart des "psy" reçoivent les adultes. Certains sont également spécialisés dans le travail avec les enfants et les adolescents

     Généralement, les personnes souffrant de pathologies lourdes (délires, hallucinations ....) consultent  un psychiatre  (dont l'orientation théorique sera soit neurologique et/ou comportementale, soit psychanalytique). Il peuvent aussi s'adresser à un autre professionnel (par exemple un psychanalyste non psychiatre) qui travaillera en collaboration avec un psychiatre (prescripteur de médicaments ou d'une éventuelle hospitalisation).

    Les psychiatres sont les seuls, parmi les "psy", à pouvoir prescrire des médicaments.

     

    Pour la plupart des autres symptômes psychiques, chacun peut choisir soit une psychothérapie analytique ou une psychanalyse, soit une psychothérapie basée sur la suggestion. Les approches, modalités, effets thérapeutiques et positions éthiques seront différents. (voir: Choisir une thérapeutique). 

     La psychothérapie analytique et la psychanalyse sont de la compétence du psychanalyste. Il peut avoir, ou non, une formation universitaire de psychologue, de psychiatre, ou le titre de psychothérapeute. Ce qui est important, c'est son appartenance à une association de psychanalystes reconnue, qui garantit son engagement dans une longue psychanalyse personnelle (1) et sa formation à la psychopathologie et à la pratique  psychanalytiques. (Il n'est pas cohérent, d'un point de vue éthique, qu'un même professionnel pratique la psychanalyse ainsi que des psychothérapies basées sur la suggestion). 

     

     Pour une psychothérapie basée sur la suggestion, vous pouvez consulter un psychiatre, un psychologue, ou un psychothérapeute (titre) formés à la technique de la psychothérapie que vous aurez choisie. Si vous décidez de consulter un psychopraticien, coach, sexologue, sophrologue, etc...... il est très important de vous renseigner précisément sur le sérieux, la consistance et la durée de sa formation, son expérience.... 

    L'engagement personnel dans une psychanalyse ou, au minimum, dans une psychothérapie, est éthiquement indispensable pour pratiquer la psychothérapie, afin de permettre au "psy", quelle que soit sa formation, d'occuper une position professionnelle dans la relation au patient (1).

     

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    (1) L'engagement personnel dans une psychanalyse ou au minimum dans une psychothérapie, est éthiquement indispensable, afin de permettre au "psy" d'occuper une position professionnelle dans la relation au patient signifie que le "psy" doit pouvoir reconnaitre ce qui appartient à sa propre subjectivité (ses choix inconscients, ses symptômes, ses angoisses ...) afin de ne pas le projeter, même sans le vouloir, sur son patient. Un travail approfondi sur lui-même permet au "psy" d'aborder son patient et de l'entendre de manière impartiale, en évitant tout parti pris personnel. Seule une psychanalyse permet au "psy" d'accéder aux contenus de son inconscient* , une psychothérapie basée sur la suggestion lui permet de travailler sur les registres du conscient et du préconscient* (voir: Choisir une thérapeutique).

     

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    Nathalie SCHAEFFER, psychologue clinicienne, psychanalyste, adultes enfants adolescents, 24 rue Hoche 92 130 Issy-les-Moulineaux


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